Un article important publié sur le site Internet du prestigieux journal The Guardian, met en lumière les préoccupations du CII concernant la migration des infirmières des pays pauvres vers les pays riches. Les dirigeants des infirmières en Afrique ont quant à eux, qualifié cette tendance de nouvelle forme de colonialisme.
Dans cet article, Kat Lay, correspondante du Guardian pour les questions de santé dans le monde, examine la question du recrutement international et ses effets néfastes sur les soins de santé dans les pays à faible revenu.
Howard Catton, directeur général du CII, est cité dans l'article en déclarant que les dirigeants des infirmières africaines sont « furieux que les pays à hauts revenus utilisent leur pouvoir économique pour prendre le personnel infirmier dont ils ont besoin dans les pays plus pauvres et plus fragiles ».
En réfléchissant à la question, M. Catton a déclaré : « Il est clair qu'un code mondial plus strict de l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) est nécessaire pour garantir que le recrutement international est éthique et qu'il y a des avantages mutuels proportionnels de part et d'autre. Pour l'instant, le code de l'OMS semble fournir une image éthique, masquant les effets néfastes de ce qui se passe, à savoir l'aggravation des inégalités en matière de santé dans le monde.
Les pays recruteurs qui n'ont pas suffisamment investi dans leur propre personnel infirmier utilisent aujourd'hui leur puissance économique supérieure pour acheter une solution à court terme afin de répondre à leurs propres besoins. Ils ne compensent pas proportionnellement les pays d'origine, ce qui entraîne des préjudices et des inégalités en matière de santé, et c'est pourquoi on parle d'une forme de néocolonialisme ».
Les responsables des associations nationales d'infirmières africaines ont expliqué à Mme Lay que les infirmières qui partaient étaient généralement très expérimentées et que leur absence était vivement ressentie.
Le Dr Baboucarr Cham, président de l'Association nationale des infirmières et sages-femmes de Gambie, a déclaré : « Cela pose beaucoup de problèmes en Gambie, car nos infirmières expérimentées partent pour l'Europe et l'Amérique ».
Il a indiqué que 53 des 300 infirmières diplômées d'un grand hôpital universitaire avaient quitté leur emploi en 2023 et a suggéré que les pays recruteurs « rendent la pareille » aux pays qui ont payé pour la formation de leurs infirmières. « Si vous recrutez une infirmière, vous devriez [payer pour] former deux infirmières ».
La Gambie compte 0,9 infirmière pour mille habitants, contre 9,2 au Royaume-Uni. Perpetual Ofori-Ampofo, présidente de l'Association des infirmières et sages-femmes du Ghana, a déclaré que chaque infirmière avait le droit de se rendre à l'étranger pour y travailler, mais que les gouvernements des pays les plus pauvres devraient rendre la carrière d'infirmière plus attrayante afin que les infirmières veuillent rester dans leur pays d'origine.
Elle a déclaré à Mme Lay : « Si vous visitez certains établissements de santé, vous verrez la réalité de la situation - unité par unité, ou département par département, ils ressentent les effets du départ de leurs collègues et de la charge de travail laissée à ceux qui sont à leur poste ».
M. Catton et la présidente du CII, le Dr Pamela Cipriano, ont récemment participé à des réunions en Suède et au Rwanda, où ils se sont entretenus avec des infirmières dirigeantes de 40 des 130 et quelques organisations non gouvernementales du CII au sujet du recrutement international, des deux côtés de la question.
À l'issue de ces réunions, le Dr Cipriano a déclaré : « Le recrutement international d'infirmières s'est emballé. Chaque gouvernement a le devoir de protéger sa population, mais en recrutant des infirmières expérimentées dans des pays plus pauvres, les pays plus riches externalisent en fait les coûts de formation, obtenant leurs infirmières diplômées à bas prix, sans aucune forme de remboursement.
Ce comportement a aujourd'hui des conséquences désastreuses dans de nombreux pays où l'on constate de graves lacunes dans les systèmes de soins de santé, qui sont soumis à une forte pression. L'Organisation mondiale de la Santé a établi des lignes directrices en matière de recrutement éthique : elles doivent être suivies rigoureusement - le contraire est inadmissible ».