Les infirmières du monde entier ont affiché aux infirmières d’Ukraine et d’autres zones de conflit leur solidarité et leur soutien, en faisant des dons au fonds humanitaire de la campagne #NursesForPeace (Les infirmières pour la paix) du Conseil International des Infirmières (CII). Leurs généreuses contributions aident les infirmières et leurs familles restés en Ukraine, ainsi que celles qui ont été déplacées dans leur propre pays ou à l’étranger.
Ukraine
Au cours des cinq mois ayant suivi le début du conflit, les infirmières d’Ukraine ont gardé le contact avec le CII afin que nous puissions informer les infirmières à travers le monde de la situation sur le terrain.
Tetyana Chernyshenko, la Présidente de l’Association ukrainienne des infirmières, a déclaré que le constant soutien moral et matériel du CII représente une aide vitale pour les infirmières de son pays.
« L’Ukraine est en guerre et chaque jour, de nombreuses régions sont la cible de tirs de roquettes. En raison de ces bombardements, des établissements de santé, des écoles, des établissements d’enseignement supérieur et des immeubles d’habitation continuent d’être détruits. Dans ces conditions inhumaines, nos infirmières et nos médecins travaillent souvent sous le feu, dispensant des soins médicaux d’urgence et sauvant des vies. »
« Grâce à l’aide du CII, les infirmières ukrainiennes sentent qu’elles ne sont pas seules dans cette terrible guerre, que les soins infirmiers sont soutenus dans les pays démocratiques du monde, et que nous sommes unis dans nos efforts pour protéger la liberté de notre peuple. Le peuple ukrainien est extrêmement consciencieux et capable de surmonter toutes les horreurs dévastatrices de cette guerre. Nous remercions sincèrement tous les peuples et les gouvernements des pays qui nous prêtent main forte, qui nous soutiennent matériellement et qui joueront un rôle pour réparer les dégâts provoqués. Nous remercions le Conseil International des Infirmières de son aide. »
Le Dr Pamela Cipriano, la Présidente du CII, a déclaré :
« Dans la mesure où la guerre en Ukraine se poursuit, le CII et ses associations membres continueront de soutenir les infirmières en Ukraine à travers sa campagne #NursesforPeace. L’Organisation mondiale de la Santé a récemment indiqué que 401 attaques contre les soins de santé du pays ont été attestées au 21 juillet, faisant 85 morts et 100 blessés. La protection des soins de santé et des agents de santé est primordiale et les infirmières doivent être protégées ! »
Le Fonds humanitaire du CII a fait parvenir des fonds à l’Association ukrainienne des infirmières afin qu’elle puisse continuer de fonctionner normalement et les redistribuer aux infirmières qui en ont le plus besoin, à l’instar de Grigorieva Tetyana Ivanivna, une infirmière de la région de Lugansk actuellement réfugiée dans la ville de Poltava, en Ukraine centrale. Mme Ivanivna a déclaré qu’elle a passé six semaines dans un sous-sol, sous le feu constant des tirs, en février et mars de cette année. Elle et sa famille ont été contraintes de partir deux semaines avant l’occupation de la ville, lorsque son appartement a été détruit par un missile, son frère y trouvant la mort.
« Dans nos vies, il y aura un ‘avant’ et un ‘après’. Je suis actuellement à Poltava et je travaille comme infirmière en ophtalmologie. Je suis très reconnaissante qu’en un moment si difficile, il y ait des gens qui nous fournissent un logement et un travail. Je suis très reconnaissante à l’équipe ophtalmologique pour son attention et sa compréhension. Je remercie tout particulièrement le Conseil International des Infirmières pour l’aide financière et le soutien qu’il m’a apportés dans une période si dure. »
Yaryna Oleksandrivna Hrytsenko, infirmière dans le service de chirurgie vasculaire de l’hôpital régional de Tchernihiv en Ukraine, a évoqué son expérience de l’occupation de la ville de Tchernihiv :
« Tchernihiv a subi un siège pendant plus d’un mois, subissant des destructions au quotidien sous les bombes ennemies. Des personnes ont été tuées et les infrastructures ont été détruites. Tchernihiv s’est retrouvée dans une situation de catastrophe humanitaire. »
« Chaque jour, le nombre de soldats et de civils blessés augmentait. Dans une salle d’opération, il y avait plusieurs équipes chirurgicales qui se battaient pour la vie de jeunes [soldats]... Nous travaillions jour et nuit. Les fenêtres de la salle d’opération étaient recouvertes de matelas pour assurer une protection minimale contre les bris de verre et les projectiles. De nombreux civils ont afflué lorsque les forces ennemies ont largué pas moins de huit bombes aériennes sur une zone résidentielle, tuant au moins 47 personnes selon les données officielles... Les principales victimes de la frappe étaient des civils qui faisaient la queue pour se procurer du pain. »
« Quand il y avait de nombreux blessés... nous nous entraidions, quelle que soit notre fonction. Tout le monde assumait les fonctions de médecin, infirmière ou infirmière débutante. Durant les opérations militaires, les agents médicaux, quelle que soit leur position, se sont montrés éminemment compétents, faisant constamment preuve d’initiative dans leur travail. »
« Nous avons aménagé une pièce pour nous et y avons vécu avec nos collègues. Au début, nous disposions de toutes les conditions pour vivre ─ lumière, eau, chauffage ─ ensuite, lorsque les bombardements se sont intensifiés, tout a disparu. Il faisait un froid insupportable ; l’absence d’eau a grandement compliqué le travail de tout l’hôpital. Chaque matin, on apportait de l’eau à l’hôpital, que nous mettions dans des seaux pour assurer un minimum d’hygiène aux patients et à nous-mêmes... Le jeune personnel médical des services de chirurgie essayait de nettoyer les énormes taches de sang sur les draps, ce qui était très difficile ; nous les aidions tous entre deux opérations. La lumière ne fonctionnait que dans quelques salles d’opération, car le vieux générateur n’était pas assez puissant. Il fallait opérer à la lumière de lampes, les anesthésistes pratiquaient l’anesthésie sans ventilateur... La cuisine fonctionnait tous les jours en permanence pour que personne n’ait faim dans l’hôpital ─ patients comme employés. Même lorsque l’électricité et l’eau ont été coupées, la cuisine de campagne a continué de fonctionner. »
« Même sous les bombes constantes et incessantes, les tirs d’artillerie, les raids aériens et sans chauffage, sans lumière et sans eau, le personnel des différents services a fait le travail qui lui incombe directement avec un haut degré de professionnalisme, assurant un appui psychologique aux personnes malades. »
« [Aujourd’hui] les activités de l’hôpital régional de Tchernihiv ont repris leur rythme normal, avec les différences subtiles que nous ne voyons pas en temps de paix et qui font tellement défaut en temps de guerre. Les agents médicaux sont devenus des anges – des sauveurs, car ils ont donné la chose la plus importante : l’espoir en la vie. Ils ont vu les pires conséquences de la guerre : des corps mutilés, des âmes abimées. Et en dépit de tout, nous avons clairement défini notre priorité : ce sont les personnes. »
Au mois de mai, Howard Catton, le Directeur général du CII, a rencontré le Vice-Ministre ukrainien de la santé, Oleksii Iaremenko, au siège du CII à Genève. Le CII a convenu d’œuvrer en étroite collaboration avec le Ministère de la santé pour soutenir ses efforts et continuer de dispenser des soins de santé en Ukraine.
Olena Zelenska, la Première dame d’Ukraine, est intervenue à l’Assemblée mondiale de la Santé pour évoquer les efforts déployés en vue de lutter contre les conséquences psychologiques du conflit sur la population. Le CII est bien conscient de cette problématique et a examiné les moyens d’améliorer les besoins en santé mentale des infirmières en Ukraine et ailleurs.
L’OMS dispose d’un éventail d’outils et d’aide relatifs à la santé mentale pour les professionnels expérimentés de ce domaine et le CII a obtenu qu’une infirmière ukrainienne suive un cours de l’OMS sur ce sujet. Le CII collaborera avec l’OMS Europe pour étudier la façon dont le CII peut contribuer à dispenser une formation existante sur les besoins en santé mentale à d’autres infirmières en Ukraine, grâce aux ressources de formation ayant prouvé leur utilité et aux possibilités de perfectionnement.
Roumanie
En juillet, Howard Catton s’est rendu dans la capitale roumaine, Bucarest, pour rencontrer des infirmières du service ambulancier, et dans un centre de réfugiés. Il a pu voir sur place la façon dont les dons du CII sont utilisés pour fournir des médicaments et des fournitures au service d’ambulance.
S’exprimant après sa visite, M. Catton a déclaré : « Les personnes qui arrivent d’Ukraine ont quitté leur pays parce qu’à l’heure actuelle, aucun endroit n’est sûr. Parmi les premières personnes qu’elles rencontrent à leur descente du train, ce sont des infirmières qui leur réservent un accueil chaleureux et évaluent leur état physique et mental »
Comme nous l’avons signalé en juin, le CII a fait un don à l’Ordre des infirmières de Roumanie pour soutenir ses équipes d’ambulanciers – dont beaucoup sont des infirmières – qui travaillent avec des réfugiés ukrainiens arrivant en Roumanie après avoir fui leur pays à cause du conflit. M. Catton a déclaré que l’Ordre des infirmières de Roumanie a grandement soutenu les efforts du CII pour aider les infirmières prenant en charge les réfugiés ukrainiens.
« De nombreux ambulanciers roumains sont des bénévoles travaillant sans rémunération en dehors de leur emploi d’infirmier à plein temps. L’argent que nous avons fourni a servi à couvrir les frais d’équipements essentiels pour ce personnel, notamment des bandages, d’autres équipements de premiers secours et des fournitures médicales de base. »
M. Catton a indiqué qu’une infirmière réfugiée, depuis retournée en Ukraine, a aidé à traduire les boîtes de médicaments en vente libre fournies sans étiquettes en roumain ou en ukrainien et qui, autrement, seraient restées en rayon jusqu’à leur date d’expiration.
Les réfugiés ukrainiens qui arrivent à la gare centrale de Bucarest sont souvent mal nourris, épuisés et déshydratés. Certains ont des blessures superficielles, d’autres souffrent de maladies chroniques, de diabète ou de maladies cardiovasculaires, et n’ont pas été pris en charge depuis des semaines. Le service d’ambulance reçoit 24 heures sur 24 tous ceux qui veulent être examinés et évalués ; il dispense les premiers soins, les trie et oriente les personnes qui en ont besoin vers les services de santé roumains conventionnels.
Mircea Timofte, le Président de l’Ordre des infirmières de Roumanie a déclaré :
« Les infirmières roumaines ont été une fois de plus en première ligne du soutien, cette fois pour faire face à la crise humanitaire actuelle causée par l’invasion russe de l’Ukraine. Dans les équipes médicales des ambulances, dans les centres de réfugiés, dans les camps de premiers secours comme volontaires, les infirmières sont au moment et à l’endroit où l’on a besoin d’elles pour dispenser des soins bienveillants. L’Ordre des infirmières et des sages-femmes de Roumanie tient à remercier le CII pour ses deux dons successifs au service d’ambulance roumain, soutenant ainsi les efforts des infirmières pour aider les réfugiés. »
Les réfugiés arrivés d’Ukraine sont souvent les populations les plus humbles et vulnérables du pays, dont les femmes et les enfants, ce qui montre à quel point l’aide humanitaire est essentielle et le sera encore peut-être pendant des années pour répondre à leurs besoins conséquents.
Autres pays limitrophes
En Pologne, la campagne #NursesforPeace a soutenu des cours passerelle pour les infirmières réfugiées d’Ukraine afin qu’elles puissent travailler dans l’Union européenne. Le Dr Grażyna Wójcik, la Présidente de l’Association polonaise des infirmières, a déclaré :
« Les infirmières polonaises sont honorées de pouvoir aider les victimes de la guerre en Ukraine. Dispenser une formation en soins infirmiers dans un environnement sûr et favorable est un investissement inestimable en vue de reconstruire le système de santé ukrainien. Les Polonais se souviennent encore du cauchemar de la guerre, c’est pourquoi aider les victimes est à nos yeux un devoir moral. »
Des fonds de la campagne ont également été transmis à l’Association moldave des infirmières, où les infirmières sont très actives dans la prise en charge des réfugiés. L’association a identifié les besoins les plus urgents des réfugiés, à savoir de la nourriture et des couches pour bébés, ainsi que des fournitures médicales, notamment des produits de premiers secours.
Le CII travaille également en étroite collaboration avec l’Association slovaque des infirmières et des sages-femmes afin de fournir une aide spécifique aux infirmières ukrainiennes et à leurs familles réfugiées en Slovaquie, notamment la traduction d’informations pour obtenir une protection temporaire, l’assurance maladie, etc., mais aussi un hébergement, de la nourriture, des vêtements et des produits d’hygiène.
Portée de la campagne #NursesforPeace
Depuis son lancement, la campagne sur les réseaux sociaux #NursesForPeace a atteint plus de 111 millions de personnes, créant plus de 685 000 échanges. Notre cadre Facebook a été adopté par près de 16 000 utilisateurs et notre déclaration compte plus de 3 000 signataires condamnant l’invasion, dont des organisations représentant plus de 450 000 infirmières dans le monde. Cliquez ici pour télécharger les supports de la campagne.
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