Le Conseil International des Infirmières (CII) a soumis un rapport complet fondé sur des données probantes et mettant en évidence les tendances gravement préoccupantes en matière de recrutement d'infirmières, dans le cadre de la dernière série de rapports sur la mise en œuvre du Code de pratique mondial de l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) sur le recrutement international des personnels de santé.
Le CII appelle d'urgence les pays du monde entier à soumettre leurs rapports nationaux à l'OMS avant la date limite du 31 août. Alors que la migration mondiale des infirmières atteint des niveaux de crise et que de nombreux pays ne communiquent pas leurs données, le CII exhorte les infirmières et les associations nationales d'infirmières (ANI) à tirer parti de leur influence collective pour motiver l'autorité désignée par l'OMS dans leur pays à soumettre un rapport pendant cette opportunité .
La présidente du CII, le Dr Pamela Cipriano, a déclaré :
« Les infirmières et les ANI ont un rôle essentiel à jouer pour soutenir les rapports de l'OMS et susciter le changement. Le CII a déjà attiré l'attention sur le problème des faibles taux de notification : lors du dernier cycle de soumission du code mondial, seuls 77 pays ont communiqué des données, et les taux de notification des pays européens ont baissé par rapport aux cycles précédents.
Les rapports nationaux sont essentiels pour évaluer avec précision les tendances mondiales en matière de recrutement d'infirmières, identifier les domaines préoccupants et élaborer des politiques fondées sur des données probantes qui protègent à la fois les populations et les travailleurs de la santé. En s'exprimant collectivement, les infirmières et les infirmières auxiliaires peuvent contribuer à assurer la collecte de données complètes dont nous avons besoin pour renforcer le Code et favoriser des pratiques de recrutement sûres, durables et équitables dans le domaine de la santé partout dans le monde.
Le rapport du CII sur le code mondial s'ajoute à plusieurs efforts récents de sensibilisation visant à lutter contre les pratiques de recrutement d'infirmières contraires à l'éthique, notamment des interventions à l'Assemblée mondiale de la Santé, des publications et des engagements les médias, ainsi que la récente lettre ouverte du président du CII aux chefs d'État et de gouvernement du G20.
Le rapport du CII met en évidence une augmentation significative de la migration des infirmières des pays à revenus faibles et moyens vers les pays à revenus élevés au cours des trois dernières années, en grande partie due à un petit nombre de pays à revenus élevés qui s'engagent dans un recrutement actif pour remédier à la pénurie d'infirmières dans leur pays. Il souligne les effets néfastes d'une migration accrue des infirmières, qui exacerbe les pénuries et affaiblit les systèmes de santé dans les pays à faible revenu, et explique comment le recours excessif à des solutions rapides de recrutement international masque les problèmes sous-jacents de fidélisation de la main-d'œuvre dans les pays de destination. Le CII tire également la sonnette d'alarme sur les rapports faisant état de pratiques abusives et d'exploitation de la part de certaines agences de recrutement, les infirmières migrantes étant soumises à des informations trompeuses, à la servitude pour cause de dettes et à de mauvaises conditions de travail et de vie.
Le CII souligne le manque de données complètes sur l'implication des agences ainsi que sur les flux de recrutement et de migration en général. En outre, le rapport du CII attire l'attention sur les problèmes posés par les données relatives à la pénurie d'infirmières, qui sont basées sur des mesures simplistes de stock et de flux. Ces données ne tiennent pas compte de la couverture en personnel infirmier par rapport aux besoins réels et prévus des pays en matière de santé, ni de l'impact de la dynamique du recrutement international, et risquent donc de ne pas refléter fidèlement les inégalités croissantes en matière de soins infirmiers à l'échelle mondiale.
Le rapport du CII met également en lumière une étude réalisée par le groupe Scholars Europe[1] du Global Nursing Leadership Institute (GNLI) du CII auprès des Chief Nursing Officers (CNO) et des National Nursing Associations (NNA) de 36 pays européens, qui a révélé que 25 % des CNO et 46 % des NNA ont déclaré ne pas avoir accès à des données fiables sur les infirmières formées à l'étranger, soulignant ainsi la nécessité de mettre en place des systèmes de collecte de données complets, transparents et accessibles dans tous les secteurs des soins de santé.
Dans son rapport, le CII formule plusieurs recommandations clés visant à renforcer le code et sa mise en œuvre, notamment :
Ces recommandations font écho à la lettre récemment adressée par le Dr Cipriano aux dirigeants du G20, qui soulignait que « sans résolutions audacieuses et concertées pour freiner l'épuisement du personnel infirmier dans les pays vulnérables, les écarts d'accès aux soins de santé dans le monde continueront de se creuser ». Le Dr Cipriano a averti que le recrutement non éthique d'infirmières « compromet nos ambitions communes en matière de santé mondiale pour atteindre les objectifs de développement durable (ODD) et la couverture sanitaire universelle (CSU) » et a appelé à des solutions basées sur « la mise en place de systèmes de santé résilients, équitables et durables qui ne laissent aucun pays de côté ».
[1] Brubakk, K., Godfrey, M., Kwaku, F., Solberg, T., Toure, Y. (2024). Les accords bilatéraux sur le travail peuvent-ils
Les accords bilatéraux sur le travail peuvent-ils protéger les droits, la santé et le bien-être des infirmières formées à l'étranger en Europe ? Global Nursing Leadership Institute (GNLI) Scholars Europe Group 2023. Rapport complet. https://doi.org/10.25419/rcsi.26114605.v1