Lors de la réunion de haut niveau de l’Assemblée générale des Nations Unies (AGNU) qui s’est tenue à New York la semaine dernière, les dirigeants du monde entier ont examiné des questions de santé cruciales, notamment la prévention, la préparation et la riposte face aux pandémies et la tuberculose, et approuvé une nouvelle Déclaration politique sur la couverture sanitaire universelle (CSU).
Le Dr Pamela Cipriano, Présidente du Conseil International des Infirmières (CII), qui représente le CII en tant que membre du Groupe de travail du Partenariat international pour la santé (CSU2030), a exprimé à l’AGNU ses préoccupations concernant le manque d’investissements dans les personnels infirmiers à l’échelon mondial. Saluant la Déclaration politique, elle a déclaré :
« La Déclaration politique offre aux pouvoirs publics l’occasion d’opérer des changements avisés et durables qui feront bouger les lignes, en donnant à chaque personne un accès juste aux soins de santé dont elle a besoin. Les gouvernements ne doivent pas se contenter de prendre ces engagements ; ils doivent les appliquer en faisant les investissements nécessaires pour que ces changements historiques soient une réalité dont profiteront des millions de personnes qui n’ont actuellement pas ou peu accès aux soins de santé de base. »
La Déclaration a été saluée par le Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus, Directeur général de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), et est perçue comme un catalyseur vital afin que la communauté internationale prenne les engagements politiques et fasse les investissements financiers requis pour réaliser l’objectif de la CSU dans le cadre des objectifs de développement durable (ODD) d’ici à 2030.
Les délégués à l’AGNU se sont fermement engagés, dans la Déclaration politique, à prendre des mesures dans leur pays pour accélérer les progrès vers l’objectif de la cible « CSU d’ici à 2030 » en investissant dans les soins de santé primaires (SSP). Partant de la conviction que « la santé est un droit de l’homme », les délégués ont pris conscience que ces investissements sont précisément des « investissements » et pas uniquement des coûts.
Le Dr Tedros a déclaré qu’en signant la Déclaration, les pays ont fait le choix de mettre en place la CSU, ajoutant néanmoins qu’elle ne se concrétisera que si ce choix s’accompagne de décisions budgétaires et politiques menant à des investissements dans les SSP, « qui sont la voie la plus inclusive, juste et efficace vers la couverture sanitaire universelle. »
Le Dr Cipriano a déclaré que la CSU et les SSP sont intimement liés, un point souligné dans la nouvelle Déclaration politique sur la CSU, à savoir :
« Les soins de santé universels ne peuvent être mis en place que si les infirmières œuvrent en étroite collaboration avec les personnes, les familles et les collectivités, à domicile et à proximité. Quasi tout ce qui constitue de bons soins de santé primaires est du ressort des infirmières, et les pays dans le monde doivent faire l’effort nécessaire pour que les infirmières soient là où on a le plus besoin d’elles, c’est-à-dire aux côtés des patients, dans leur vie quotidienne. »
Le contenu général de la Déclaration politique des Nations Unies est dans le droit fil du message stratégique du CII concernant l’effet COVID, mais aussi les décennies de sous-investissement. Les SSP ont été au cœur des interventions du CII à l’Assemblée mondiale de la Santé, de ses prises de position et de ses contributions à la Déclaration d’Astana sur la CSU, et des données probantes présentées par le CII qui placent la CSU au cœur de ses publications et de ses documents récents, notamment Pérenniser et fidéliser les effectifs, Se relever pour reconstruire, les ressources relatives à la Journée internationale des infirmières et sa Charte pour le changement.
La Charte énumère les principales mesures requises pour revitaliser les soins de santé et faire le lien entre les patients et les infirmières là et quand ils en ont le plus besoin. Elle souligne l’importance de redonner la priorité à la santé publique et aux soins primaires centrés sur le patient au sein des systèmes de santé. Le CII a également insisté sur le rôle des infirmières en tant qu’architectes et prestataires principaux des SSP sur le terrain, dans le cadre de sa série Caring with Courage, en collaboration avec la BBC.
Lors des réunions, les dirigeants mondiaux se sont également engagés à renforcer la coopération internationale, la coordination, la gouvernance et les investissements indispensables pour éviter que ne se répètent les effets de la pandémie de COVID-19, mais aussi pour revitaliser les engagements, les cibles et les mesures nécessaires pour accélérer les efforts visant à mettre fin à l’épidémie mondiale de tuberculose d’ici à 2030.
Le Dr Cipriano a déclaré aux délégués et lors des réunions de l’AGNU : « Il n’y a pas de santé sans personnels de santé. Si nous souhaitons relever tous les défis qui se présentent à nous, il nous faut des systèmes de santé solides, justes et résilients, ainsi que des effectifs infirmiers et d’aide à la personne solides et pérennes. »
Le CII défend de longue date les SSP comme moyen de garantir que le plus grand nombre possible de personnes aient accès aux SSP auxquels elles ont droit. La CSU repose sur les SSP, qui ne peuvent se développer que si l’on investit de façon massive dans l’emploi infirmier, car les infirmières sont les moteurs et les prestataires de SSP.
S’exprimant après une récente visite à l’Association japonaise des infirmières, à Tokyo, qui coïncidait avec l’AGNU à New York, Howard Catton, Directeur général du CII, a déclaré qu’il est clair que les Nations Unies reconnaissent désormais la place centrale qu’occupent les soins infirmiers en matière de SSP, mais aussi l’interdépendance entre les SSP et la CSU.
M. Catton a déclaré : « Si les soins infirmiers ne sont pas tous liés aux SSP, les SSP ont tous trait aux soins infirmiers. Les infirmières sont les principaux catalyseurs des SSP, comme l’illustrent parfaitement les activités stratégiques du CII et les exemples concrets que nous avons recueillis sur la façon dont les infirmières sont au cœur des SSP dans tous les domaines, de la prévention au rétablissement, de la naissance à la mort. »
M. Catton a déclaré que sa récente visite au Japon montre comment les pays doivent anticiper les exigences supplémentaires d’une population de plus en plus vieillissante.
« J’ai discuté avec le Ministre japonais de la santé, du travail et de la protection sociale, M. Miyazaki, et il comprend pleinement qu’investir dans les SSP est le seul moyen de répondre aux besoins d’une population japonaise de plus en plus âgée. »
« Les SSP sont la voie en vue de maintenir les personnes en bonne condition physique et de santé jusqu’à un âge avancé, en réduisant le fardeau des maladies non transmissibles et en leur permettant de continuer de mener la vie active que nous souhaitons tous pour nos vieux jours. Cela se reflète d’autant plus du fait de la nécessité évidente de s’éloigner des modèles médicaux d’hospitalisation en cas de maladie pour adopter des modèles intégrés centrés sur la personne, qui mettent l’accent sur le bien-être, la prévention et la promotion de la santé. »
« Nous sommes sur la même longueur d’onde sur l’observation plus générale qu’investir dans les soins infirmiers et de santé assure non seulement des avantages indéniables pour la santé des personnes, mais également des avantages économiques, car cela permet de bâtir des économies stables et des sociétés fortes. Cela fait écho au message limpide délivré par la Présidente du CII au cours des réunions de haut niveau à New York, et repris et intégré dans cette nouvelle Déclaration politique sur la CSU. »
Une fois adoptée par l’AGNU, la Déclaration politique sur la CSU fera l’objet d’un suivi régulier afin d’identifier les lacunes et d’accélérer les progrès. Elle sera examinée lors de la prochaine réunion de haut niveau des Nations Unies, en 2027.